Mon avis sur la manipulation

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La manipulation est-ce mal?

La manipulation n’est pas mal en soi. Et je vais vous expliquer pourquoi.

D’abord laissez moi vous poser quelques questions : Avez-vous déjà essayé d’amener quelqu’un à faire ce que vous vouliez le voir faire? Oui, j’en suis certain.  Etes-vous parvenus à vos fins? A priori pas toujours. Dans ce cas avez-vous réessayé en y allant “plus doucement”? Je suis sûr que c’est le cas. Est-ce que cela fait de vous un manipulateur? Non évidemment.

Laissez-moi vous dire ceci : nous manipulons tous, mais tous nous n’acceptons pas d’être qualifié de manipulateur.

D’abord, manipuler c’est quoi?

Mon ami Robert me dit que manipuler c’est : Influencer habilement (un groupe, un individu), pour le faire penser et agir comme on le souhaite (ah! voilà! :-))

Du coup vous allez sans doute me dire “ah non Pierre-Favre! Tu vois bien que c’est pas bien!”

Personnellement, je crois que l’on manipule tous au moins un peu. Pas forcément consciemment, pas forcément pour faire du tort, mais toujours en pensant : soit que c’est pour le bien d’autrui ou a minima, que l’on ne fait rien de mal. Et si vous ne vous reconnaissez pas dans ce dernier point, fermez la page et partez, je ne souhaite pas sur mon blog avoir de personnes qui se complaise à faire le mal pour le mal.

Photo par Julius Drost sur Unsplash

Donc, si manipuler consiste à obtenir de l’autre un comportement qu’il n’aurait pas spontanément, et qu’il le produise de son point de vue en toute liberté, à quel moment manipule-t-on lorsque l’on est honnête et intègre?

Pédagogie

Exemples concrets

Est-on d’accord qu’il est normal d’apprendre à ses enfants à rendre service? Je suppose que oui. Vous arrive-t-il, par exemple, de demander à un de vos enfants de faire quelque chose à votre place? Ce peut être aller chercher votre montre dans la salle de bain ou du pain à la boulangerie ou encore vérifier la pression de vos pneus de voiture. Jusque là je n’ai rien à chipoter. Mais vous arrive-t-il en plus, alors qu’il a accepté d’effectuer la chose demandée, d’en rajouter une autre. Comme aller chercher votre montre dans la salle de bain et vider la machine de linge. Aller à la boulangerie et, à tant faire, s’arrêter chez le boucher. Vérifier la pression des pneu et faire les niveaux, et puis pourquoi pas regarder l’usure des plaquettes. Bah oui! Après tout pourquoi pas!

C’est une méthode de manipulation

Nous sommes bien d’accord que rendre service c’est important. Mais, la manière de faire s’apparente furieusement à une technique utilisée dans la vente forcée. Prenons la vente de vêtements : un vendeur vous fait essayer une veste, en promo tant qu’à faire ;-), elle vous va im-pe-ccable! En plus la ristourne est coquette 😀 Vous comptez bien profiter de cette offre tout bonnement mirobolante. Et pan! Au moment de payer, le vendeur vous sort le pantalon assorti, il insiste à peine, juste ce qu’il faut, pour que vous l’essayiez. Et franchement, ça claque, l’assortiment veste-pantalon-bonhomme une pure merveille. Bref vous prenez le tout. Vous en avez pour trois fois le prix de la veste. Prix que vous n’auriez jamais envisagé de dépenser en entrent dans la boutique.

Vous m’expliquez en quoi les manières de faire sont différentes?

Ces techniques sont identiques, et peuvent être considérées comme de la manipulation car une deuxième demande est ajoutée après que la personne ait dit oui à la première.

Management

Pour ceux d’entre vous qui ont, par des fonctions professionnelles ou associatives, un groupe de personnes à mener vers un objectif: il y a quelquefois des manières de procéder, qui, derrière des apparences humaines et “démocratiques” se révèlent être un tantinet manipulatrice. Nous ne vivons pas dans un monde ou le chef ordonne et les subalternes exécutent sans sourciller. C’est pourquoi il est généralement bien plus avisé de laisser chacun choisir. Dans les limites d’un cadre plus ou moins visible mais néanmoins présent. L’intérêt d’une tel démarche est de s’assurer coopération et persévération des salariés.

Exemple concret

Peut-être voulez-vous un exemple concret. Il m’est arrivé, et pas qu’une fois, d’impliquer dans une démarche d’amélioration des conditions de travail des salariés qui, par principe, ne souhaitaient pas s’ impliquer dans des changements. Leur point de vue était que le problème venait du matériel, et que c’est au matériel de s’adapter à l’homme et non l’inverse. Il me “suffisait” de les faire analyser eux mêmes leur situation, en prenant en compte les contraintes organisationnelles de l’entreprise. De cette manière, ils en venaient d’eux mêmes à la conclusion que leur comportement pouvait changer la donne, qui plus est, à leur avantage. Pour y parvenir, il faut faire parler les gens, les laisser échanger entre eux, anticiper ce qui peut être conclu de leur propos pour redistribuer la parole dans le but souhaité. De temps en temps apporter de nouveaux éléments qui porterons vers l’objectif. Et laisser prendre la mayonnaise!

C’est de la manipulation

A quoi ça sert me direz-vous? Eh bien, nous adhérons bien plus fortement aux décisions que nous prenons librement. Alors leur laisser à croire que tout le chemin a été fait par eux les fait adhérer, s’impliquer et persévérer.

En quoi cela peut-il être considéré comme de la manipulation? L’objectif était fixé d’avance, sans alternative possible, leur liberté de choix était donc fictive.

Vie quotidienne

Une demande de service peut se concevoir comme une manipulation. En lisant les exemples suivants, vous me ferez peut être valoir votre bonne foi. Cependant nous pouvons être de bonne foi et commettre un préjudice à autrui. Petit ou grand, mais préjudice quand même.

Permettez moi une digression, car elle illustre mon propos : je me suis rendu compte, il y a peu que mon fils est un voleur. Lorsque l’on se promène dans la campagne environnante, il lui arrive de cueillir des fleurs. Le terrain ne nous appartenant pas, il s’approprie le bien d’autrui. Il commet un vol. “Pour si peu?” me direz-vous. Et lorsque je fais de même avec des champignons? Où avec les fruits du verger de mon voisin? Pourquoi dans ce cas, ne pas me servir dans le potager de mon autre voisin? Ou celui du maraîchers? Ou à l’étalage de la grande surface? Après tout pourquoi pas!

Photo de Peter Fleming sur Unsplash

Exemples concrets

J’en reviens à la manipulation. Il est fréquent, lorsque nous partons quelques jours, de demander à un voisin de fermer les volets/arroser les plantes/donner à manger au chat… Ce voisin ne serait-il pas non plus celui à qui vous demandez parfois de menus services comme le prêt d’outils ou de récupérer vos enfants à l’école, puisque c’est sur le trajets du retour de son travail?

C’est une technique de manipulation

Si c’est le cas, nous retrouvons la mécanique des vendeurs de contrat pour changer de fournisseur d’électricité qui, après vous avoir appelé par votre nom et s’être imposé dans votre séjour, vous font signer leur contrat. De même que le restaurateur qui vous appâte avec un tarif “menu du jour” alléchant, et qui vous annonce une fois que vous êtes installé qu’il n’est servi que de 12h à 12h30.

En quoi est-ce de la manipulation? Le proposant (c’est à dire la personne à l’origine de la proposition) facilite l’obtention d’un second “oui” en en ayant obtenu un facilement. La mécanique du “oui” a ceci de pernicieux qu’elle est difficile à enrayer.

Manipuler, pourquoi serait-ce mal?

Maintenant que vous voila détendus, mais sans doute avec un petit goût amer dans la gorge quant à la connotation péjorative de manipuler, laissez moi vous dire que nous pourrions trouver un mot plus acceptable, cela ne changerait rien à l’éthique de vos habitudes. Maintenant que vous en avez conscience, libre à vous d’accepter ces manières de faire ou non, de les reproduire ou non. Quoi qu’il en soit diriger autrui d’une autre manière, quelle quelle soit n’est pas exempt de critique.

Une alternative à la manipulation

L’alternative à la manipulation est l’exercice du pouvoir. Celui-ci n’est possible qu’à la condition d’avoir du pouvoir sur autrui. Avoir du pouvoir sur autrui, c’est lui retirer une part, conséquente, de sa nature, à savoir sa liberté. Croyez-vous sincèrement que priver quelqu’un de liberté est plus noble que de lui soumettre un choix vierge de toute coercition?

Au plaisir de vous lire dans les commentaires…

Pierre-Favre Bocquet

 

 

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