Notre amour propre est sans doute notre bien le plus précieux.
Même « le dernier des derniers » a de l’amour propre et il faut en prendre soin
Vous pensez être digne d’amour et de respect malgré vos échecs et vos défauts ? Votre interlocuteur aussi.
Tous, nous avons le sentiment de notre propre valeur. Nous pouvons être le pire criminel qui soit, avoir commis les pires exactions qui soient. Nous avons quand même au plus profond de nous le sentiment d’être un être humain digne d’estime, d’amour et de respect.
Tous, nous sommes le fruit de notre passé. Si vous aviez le mien, avec mon caractère, mon vécu, mon éducation, mes relations, mes capacités et mes compétences, je suis bien certain que vous seriez moi. Je suis certain que vous agiriez comme moi. Que vous penseriez comme moi. Peut-être qu’avec un regard extérieur, vous ne feriez pas comme je fais. Mais ! Si vous étiez moi, vous feriez comme moi.
Et si vous étiez moi, vous auriez le même sentiment de valeur que vous avez en ce moment même pour vous. Alors même que vous ne seriez pas vous…
Ceci m’amène à dire : « Tous, malgré nos mauvaises actions, avons le sentiment d’être digne d’amour et de respect. Et ça s’appelle : l’amour propre ».
L’amour propre est un amour sans condition
L’intérêt de ce concept d’amour est qu’il ne souffre aucune réserve. On s’aime malgré nos défauts, juste parce qu’une petite voie à l’intérieur de nous, nous dis qu’on en est digne.
L’amour propre c’est ce qui a le plus de valeur à nos yeux. Blessez l’amour propre et vous ne pourrez plus convaincre personne.
Nous voyons bien parfois que nous commettons de mauvaises actions. Mais comme nous nous jugeons sur nos intentions et non sur nos actes, et qu’en plus nous avons « sous les yeux » les « bonnes raisons » de notre comportement, nous sommes prompts à nous pardonner. En plus de cela, notre raison veille. Elle est prête à nous fournir des justifications « par avion-cargo rempli de la soute au cockpit », à la moindre agression.
Et comme vous le savez, on n’argumente pas contre la raison.
Voulez-vous vous faire des amis ou des ennemis ?
Blessez l’amour propre et vous ne pourrez plus convaincre personne. Car il sera occupé à rétablir ce sentiment d’injustice et peut être, voudra vous blesser à son tour.
En blessant l’amour propre de quelqu’un, vous entamez ce qu’il a de plus respectable en lui.
Alors, pour convaincre, veillez à respecter le plus possible l’amour propre de cette personne. Dale Carnegie, conférencier et auteur incontournable, dit « Laisser votre interlocuteur sauver la face ». En d’autres termes, laissez toujours une « porte de sortie ».
J’aime beaucoup l’histoire qu’il relate dans son livre « comment se faire des amis » :
« Il y a quelques années, la compagnie General Electric eut la tâche épineuse de retirer à Charles Steinmetz ses fonctions de chef de service. Steinmetz, qui était un génie en matière d’électricité, était incapable de diriger un service. Mais on craignait de l’offenser. Il était indispensable et d’une extrême susceptibilité. Alors, les directeurs de la compagnie lui donnèrent un nouveau titre ; ils le nommèrent « ingénieur conseil de la compagnie Général Electric », ce qui était tout simplement une appellation nouvelle pour le travail qu’il faisait déjà. Puis ils nommèrent quelqu’un d’autre pour diriger le service.
Steinmetz était heureux. Et les directeurs donc !
En agissant avec douceur, en permettant à cet homme de « sauver les apparences », ils étaient parvenus à leurs fins, sans bruits et sans dommage. »
Une personne blessée dans son amour propre va se défendre avec l’énergie du désespoir. Au contraire, laissez-la garder la tête haute, et elle se rangera volontiers à votre point avis.
Orgueil contre amour propre
L’exercice est difficile, car ce qu’ on souhaite c’est « se sauver la face » alors que ce qui est efficace pour convaincre c’est « permettre à l’autre de se sauver la face ».
Anecdote personnelle :
« Je me rappelle une formation où un participant a mis en doute un élément que j’avais avancé :
Quelques instants avant j’avais été « piqué au vif » par un de ses propos envers moi (de mémoire il avait mis en doute l’utilité de la formation).
Alors quand vient le moment où il met en doute l’élément en question, je me fais un plaisir de justifier la réponse. Qu’il met en doute. Que je justifie là aussi. Et ainsi de suite.
Au bout de quelques instants, alors que nous étions tous les deux blessés dans notre amour propre. (Moi par ces mises en doute, lui par mes réponses condescendantes). Il me dit « Nan mais je plaisante depuis le début, je voulais juste voire jusqu’où vous iriez. Et il ricane ».
Je garde de cet épisode un souvenir amer. J’imagine que lui aussi.
Combien aurait-il été plus efficace d’accepter sa critique initiale comme étant légitime. Car son point de vue est légitime (j’aurais eu le même à sa place), et ne pas faire valoir une quelconque « supériorité » ? Personne n’aurait été blessé et j’aurais sans doute pu l’accompagner vers les objectifs de la formation. En lieu et place de cela il s’est fermé et à attendu que le temps passe…
La colère mène à la haine, la haine mène à la souffrance
Notre amour propre nous pousse parfois à faire valoir notre supériorité. Qui est, soit dit en passant, un besoin qu’a tout être humain. Faites valoir à quelqu’un sa supériorité, vous verrez alors qu’il vous écoutera et vous redemandera… Mais ce sujet mérite un article en entier.
Je disais donc, notre amour propre nous pousse parfois à faire valoir notre supériorité. Et nous en tirons une plus grande gloire si nous la manifestons de manière magistrale et devant témoin. En d’autres termes plus nous écrasons, humilions plus nous nous sentons grandis. Et plus les autres se trouvent blessés, dévalorisés, meurtris.
La violence ainsi ressentie par l’autre va être source de critique, de haine, de désir de vengeance. Elle ne flattera que notre orgueil sans nous apporter une plus grande valeur. Elle mènera l’autre à nous souhaiter le pire et parfois à en être l’acteur. En lieu et place de quoi l’écoute de l’autre, sa compréhension et sa mise en valeur lui auront apporté bien être, sérénité et encouragement. Et sans doute, par voie de conséquence nous aurait apporté de l’aide, de l’attention et de la considération.
Alors, l’amour propre de l’autre, ainsi que le nôtre, font partie de nos biens les plus précieux. Préserver celui de l’autre, c’est lui faire du bien. Préservez le nôtre, c’est se respecter. Mais ! Augmenter celui de l’autre c’est tirer le meilleur de lui-même. Flatter le nôtre c’est se faire des ennemis.
Ce qui compte, c’est vous ? L’autre ? Ou vos objectifs ?
Pour terminer, si vous me permettez un conseil, je dirais : si vous voulez convaincre quelqu’un, ménagez son amour propre, laissez le s’en sortir la tête haute. Même si le prix de cette réussite, c’est de porter un coup à votre amour propre…
Pierre-Favre Bocquet
Super article ! J’en ai fait les frais récemment, mais quand la moutarde monte il arrive que des vérités sortent et du Coup on touche l’amour propre de notre interlocuteur… et là c’est perdu
Merci!
Pour te faire une confession, ces recherches et réflexions m’ont fait comprendre que trop souvent c’est moi qui ai blessé les autres. Non pour les convaincre mais juste pour me soulager… je me rend compte à quel point c’était méchant et inutile…
Très bon article Merci ! En plus tu sites Dale Carnégie et “SON” fameux bouquin… Clairement je suis intimement convaincu que les bons managers savent intégrer cette gestion de l’amour propre (ou orgueil) de façon super habile. C’est ça la différence entre les bons et les mauvais chefs de service. 🙂🙂
Merci pour cet article. Le paradoxe est que l’amour propre est un facteur très important pour la confiance en soi. Et la confiance en soi est nécessaire pour convaincre l’autre. Alors, le meilleur moyen d’y arriver sans blesser l’autre est de se mettre à sa place. Mais ce n’est pas facile à faire tous les jours.
Yep ! Bien vu d’avoir souligné le paradoxe
Chouette article, c’est sûr que l’orgueil, l’amour propre ou la prétention sont à mettre de côté dans certaines situations 😉
« Orgueil contre amour-propre » —-> THE thing.
Une grosse partie se joue là ! Merci pour cet article qui éveille !
Merci pour cet article. La « stratégie » de faire en sorte que son interlocuteur ne perde pas la face (dans le but de le garder « avec toi », pas « contre toi ») peut de venir une « attitude », celle de la bienveillance.
ouuiiiii complètement !!!
Les émotions sont toujours au cœur des échanges 🙂 L’important est de faire la part des choses entre les siennes et celles des autres. On n’est pas obligé de répondre avec violence à quelqu’un d’agressif par exemple
Merci pour cet article, comme toujours intéressant et pertinent. J’ai lu également ce livre de Dale Carnegie et tu as très bien su mettre en valeur ces propos. La question n’est pas tellement ici l’amour de soi ou l’estime de soi, il s’agit plutôt de mettre son égo de coté. En étant capable de mettre son égo de côté, en faisant preuve d’empathie, on gagne forcément en amour de soi. A très vite !
Merci pour cet article super intéressant ! L’amour propre comme l’égo ne sont pas toujours de bons conseillers. S’ils sont maîtres de notre comportement, on n’est pas au bout de nos peines. Merci pour ton travail d’analyse et d’introspection.
Un superbe article à garder sous le coude quand on cherche à convaincre sans avoir une vraie réflexion bienveillante derrière. On ne sort jamais grandi d’un débat si notre seul but était de détruire l’argumentaire de l’autre sans chercher à le comprendre, à accueillir sa manière de voir les choses, et à l’aider à entendre notre point de vue.
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