Cet article participe à l’événement inter-blogueurs sur le leadership initié par le blog « Réveille ton leadership », sur lequel j’ai notamment apprécié la lecture de l’article : « Les réponses à vos questions sur la prise de parole ». Je vous livre dans cet article ma vision de ce qui nous fait devenir leader.
Le leader a une autorité de fait
La “soumission” librement consentie
Je crois que la première caractéristique d’un leader, c’est sa capacité à commander alors qu’il ne bénéficie pas d’une autorité provenant de la loi. L’autorité qu’il possède est une autorité de fait. Les gens le suivent par un choix librement consenti. Ils le suivent parce qu’ils les motivent et les inspirent. Ceux qui le suivent n’ont aucun mal à se mettre sous son autorité. D’ailleurs il ne commande pas, il dit ce qui doit être fait et les gens exécutent parce qu’ils souhaitent participer à la réalisation de la tâche.
Les conseils du leader sont suivis parce qu’ils sont perçus comme les plus judicieux, les plus appropriés. Un bon leader rend les gens autonomes et, parce qu’il a réussi cette tâche, les gens reviennent lui demander conseil.
C’est parce que le leader sait imaginer la tâche, que l’on souhaite que ce soit lui qui nous commande. En fait, il sait mettre chacun à sa place parce qu’il a une vision précise de la tâche et de la compétence de chacun. C’est cette capacité qui lui permet de développer dans son équipe le sentiment d’utilité, et de satisfaction qui en découle.
Il y a ceux qui convainquent et ceux que l’on veut suivre. Le leader fait partie des seconds. Il n’a jamais à se justifier car personne ne lui demande, pourtant il serait facile pour lui de le faire, tant il en fait. C’est le premier à « s’y mettre » et le dernier à s’arrêter, en d’autres termes, il montre l’exemple.
La différence entre un chef et un leader
Le leader n’a pas forcément des avantages. Les avantages vont avec le rôle du chef pas du leader. Le chef c’est celui qui à l’autorité de droit et non celle de fait. Nous pouvons être chef ET leader, ce qui donne l’accès aux avantages. Mais voilà, le leader n’est pas là pour les postes, les honneurs ou les avantages. Il est là pour la tâche et pour les hommes. C’est un des éléments qui forcent l’admiration de ceux qui le suivent, il en fait plus mais n’en demande pas plus.
S’il n’a pas à se justifier, c’est que son comportement est exemplaire. Il est capable de sacrifice et ne fait pas valoir ses efforts.
Son autorité de fait est renforcée parce qu’il sait encaisser les coups qui auraient dû nous atteindre. Il est à la fois le bouclier et le moteur de l’équipe.
Chef ! Il n’a pas voulu l’être. Il est trop conscient de ses faiblesses pour le vouloir. Ce qui l’amène à « prendre les rênes » ce sont les autres. Cela se fait sans vote ou autre artifice, cela s’installe dans le temps. C’est parce qu’il a été reconnu par ses pairs qu’il est devenu leader. Ce que ses pairs ont reconnu, c’est son jugement éclairé, son attention aux autres et le respect qu’il leurs porte. Pour ces raisons, ils ont voulu son conseil ou son avis. En le suivant, ils ont quelque part « obéi ». Et parce que ses paroles ont été judicieuses, les gens qui le suivent ont à nouveau sollicité son avis. Les mêmes effets conduisant aux mêmes résultats, il s’est trouvé à dire ce que les autres vont faire. En d’autres termes : il commande.
C’est de cette manière que sans autorité de droit, il en est arrivé à une autorité de fait.
Le leader motive
C’est parce que le leader est là que nous avons envie d’être là. Auprès de lui nous nous sentons fort, alors même que nous n’y connaissons rien. Il nous fait franchir les pires barrières parce qu’il les transforme en étapes ou en petits obstacles. Si nous le suivons c’est parce que nous savons qu’il nous mènera au but.
Le leader connait chaque membre de son équipe. Il parle peu de lui car il écoute beaucoup. Pour autant il parvient à conserver un juste équilibre entre ne pas en dire assez et en dire trop. Il sait qu’il doit parler pour que ses hommes le connaissent, mais ne pas en dire trop pour ne pas paraître prétentieux ou ne pas étouffer ses hommes de sa personne.
Le leader ne se vante jamais, il met en avant les réussites de ses gens. Il les félicite, parfois en public, parfois en privé, parce que cela dépend des personnalités. Certains veulent des hommages publics d’autres des reconnaissances privées. Il s’adapte et prend les gens comme ils sont. C’est d’ailleurs ce qui les motivent à persévérer, ils sont reconnus, félicités et encouragés. A ce propos, il félicite parfois pour un travail banal parce qu’un encouragement chauffe toujours le cœur. Ces petites attentions du quotidien le rendent aimable et incite à bien faire.
Quand il n’est pas là c’est tout de même lui qui fait avancer, qui donne courage. Son souvenir est puissant car ce qui l’anime n’est pas matériel, et il a su transmettre sa flamme.
Le leader est humain
Il nous respecte pour ce que nous sommes, il prend en considération nos savoirs et nos besoins. Et même quand la tâche est impérieuse, il considère l’homme avant la tâche.
Il a le mot réconfortant, la parole mesurée. Il sait embellir les choses tout en rappelant la difficulté de la mission. Ce faisant il explicite que nous participons à un travail qui nous dépassent sans pour autant être dépassé par le travail.
Un leader, ce n’est pas forcément un expert technique, c’est un expert dans l’humain. Il perçoit les besoins de son équipe au moment opportun. Il corrige, mais toujours avec humanité, il sanctionne mais sans jamais y inclure quelque chose de « personnel ». Et globalement il n’a pas à sanctionner car ceux qui le suivent le font par choix et par envie.
Si erreurs il y a, il cherche à résoudre le problème plutôt que de trouver le coupable. Il cherchera à développer les compétences de celui qui a fauté plutôt que de perdre son énergie à le critiquer ou le sanctionner.
Il y a ceci de magique avec un vrai leader, c’est que le seul fait d’avoir échoué suffit à sanctionner l’auteur de la faute. Ne pas avoir été « assez bon » aux yeux de celui qui force notre admiration, nous fait déjà regretter notre erreur ou notre négligence.
Il est tellement humain que son équipe lui pardonne ses défauts. Humain ne veut pas dire lâche ou démagogique. Humain veut dire qu’il pardonnera une erreur involontaire, assumé et corrigé ; cela veut dire aussi qu’il ne donnera jamais plus à faire que ce que la personne peut faire, et lui donnera l’occasion de réparer ses erreurs.
Et si parfois le leader bouscule, c’est toujours dans la mesure des compétences de ses subordonnés.
Le leader assume
Le leader est capable de prendre les erreurs des autres à son compte, non pour surprotéger, mais parce qu’il sait prendre les responsabilités. Son équipe a suivi ses directives, donc si le résultat n’a pas été à la hauteur des enjeux il assume. En plus, en assumant il conserve le moral de son équipe, et ça, il sait qu’il en a besoin pour avancer. Le leader veut assurer à son équipe les meilleures conditions de travail possible. Les menus désagréments il en a l’habitude, l’être humain n’est pas parfait et il l’accepte. Il se positionne volontairement entre le marteau et l’enclume. Il fait partie de ceux qui ont « le dos large » et qui savent supporter un mécontentement.
Un leader ne se sert jamais en premier. Il est au-delà de considération pratique, bassement matériel en ce qui concerne sa propre personne. Il se mortifie, sait endurer sans jamais subir, sait en faire plus sans rechigner.
Le leader a malgré tout des failles, il est humain et il le sait. Pour autant, dans les yeux des autres il est solide comme l’airain, sage et intelligent comme Minerve. Il en sait tant qu’il pourrait faire taire n’importe qui, et pourtant il écoute même les modestes et les faibles. Il ne se croit jamais supérieur, alors même que son savoir lui ouvrirait certains droits. Et en plus, il n’use pas de tous ces droits, voilà peut-être ce qui nous déstabilise…
Jamais on ne verra un leader se lamenter, les problèmes il les voit comme des problématiques, des challenges. Non comme des barrières mais comme des étapes. Se lamenter, ce serait tomber dans la boucle de victimisation.
Pourquoi les gens le suivent ?
Le leader tire vers le haut. Il pousse son équipe et il est motivé par elle. Il est motivé par elle car c’est la cause qui compte, et la cause ne peut être atteinte que par le travail d’équipe. Alors l’équipe, c’est ce qu’il a de plus précieux. Il se battra pour elle, pour aller jusqu’au bout.
Un homme comme les autres
Il a en lui « le feu », la détermination, la clairvoyance. D’où lui vient la justesse de sa vision ? Certains penseront qu’il est béni du ciel ; mais lui se voit comme tout un chacun. Alors d’où lui vient ce savoir et ce charisme ? Si je devais m’aventurer à donner une réponse, je dirais qu’ils lui viennent de ce que les autres lui retournent, que ce soit par leurs paroles ou leurs comportements. Le leader lit dans les gens. Mais aussi, il se remet en cause. Il s’interroge tous les jours sur le bien-fondé de ses actions et de ses décisions. Et, à la lumière de ses discussions et remises en question il tire des analyses. Il ne sait que trop qu’il n’est rien sans les autres, et se demande parfois pourquoi les autres le veulent pour chef.
Il sait qu’il n’est pas infaillible, il bénéficie par contre d’un jugement plus éclairé que les autres, ce qui lui donne sa légitimité.
Un homme qui doute
D’autre part je crois, mais cela n’engage que moi, que les vrais leaders n’aiment pas commander. Ils font ce qu’ils savent faire. Pas plus pas moins. Ce sont les autres qui leurs donnent le rôle de chef et non eux qui le prennent. Ils ont conscience du principe de Peters, et ils ont une crainte, c’est d’atteindre leur niveau d’incompétence. Alors pour que cela ne ce fasse jamais, ils travaillent d’arrache-pied, ils se forment, se cultivent, s’interrogent, questionne et se questionnent. Ils se remettent en question, ils doutent de leurs certitudes. Ils ont peur des réponses, ils préfèrent les questions. Parce que les réponses c’est la fin, c’est ce qui est figé. Et dans la nature humaine rien n’est jamais figé, rien n’est jamais acquis. Savoir vivre dans l’inconfort des fluctuations, voilà leur quotidien.
En réalité les leaders sont des gens qui doutent, qui frise le syndrome de l’imposteur car s’ils ont une certitude, c’est qu’ils ne sont pas bons, du moins pas les meilleurs. Ils sont « assez bon ».
Le leader est modeste. Il est dur avec lui, compatissant et accommodant avec les autres. Mais jamais laxiste. On dit parfois de lui qu’il est juste, parfois qu’il est dur et juste. C’est le premier à faire des efforts, le dernier à jouir des fruits du travail d’équipe. C’est pour cela qu’on le veut comme chef : il n’abusera pas des privilèges, il ne nous écrasera pas et nous mènera à la victoire.
Et vous, comment voyez-vous un Leader ?
Pierre-Favre Bocquet
Merci Pierre-Favre pour ta contribution et cette vision très personnelle et sincère du leader.
Cela fait un bon catalogue de qualités à développer.
Merci aussi pour les liens vers les articles dans le texte.
bien à toi