Avoir du respect pour son public quand on a une fonction de représentation, c’est tout à fait normal. Mais le respecter ne suffit pas. Savoir capter l’attention du public est essentiel.
A mon sens, le meilleur moyen de témoigner le respect que l’on a pour lui, c’est de capter l’attention du public.
Nous sommes dans un monde ou l’attention est captée en permanence. La denrée la plus précieuse du XXIè siècle, c’est l’attention. Les « At » comme dirait Idriss Aberkane. Un « At » est une unité qui représente « la quantité d’attention que l’on est prêt à accorder à un sujet ».
Et justement ! Nous sommes dans un monde où l’information est surabondante. Du fils d’actualité de nos réseaux sociaux, en passant par la publicité, ou les innombrables directives « que pond notre direction », notre attention est en permanence tiraillée d’un sujet à un autre.
Alors, quand un public nous accorde son temps, il est bien juste qu’ils en « aient pour leur argent ». Ou plutôt, pour leurs « AT ». Donc, capter l’attention du public est à la fois un signe de respect et une nécessité.
Mais comment faire pour capter l’attention du public ?
« Lorsque vous regardez la photo d’un groupe dans lequel vous paraissez, qui regardez-vous en premier ?
Vous n’est-ce pas ? »
Ceci pour faire valoir que, même si nous ne sommes pas (tous) égoïstes, nous nous intéressons avant tout à nous même.
Alors comme « nous sommes notre bien le plus précieux » nous avons le réflexe de passer au crible les pensées qui viennent de l’extérieur. Cela dans le but de protéger notre manière de penser.
Et naturellement votre auditoire va agir de la même façon.
Notre cerveau utilise cinq moyens de défense pour se prémunir de ce qui attaque sa manière d’appréhender le monde : la méfiance, l’incompréhension, l’aversion, l’ennui et le scepticisme.
Alors, capter l’attention du public, c’est savoir présenter les choses de manière à passer à coté de ces cinq moyens de défense, sans les mettre sur « on ».
Le regard pour capter l’attention du public
De toute façon la vitesse de la lumière est supérieure à celle du son. Alors nos interlocuteurs nous voient avant de nous entendre. Donc autant prendre le temps avant de parler puisque les informations que nous apporte notre vue passeront avant celles qui arriveront à nos oreilles.
Anecdote
« J’aurais pu me faire déboiter, et pourtant c’est eux qui ont eu peur »
Voila la phrase qui pourrait résumer l’aventure suivante où un regard a sans doute compté pour beaucoup dans le rapport de force.
« Savez-vous ce qu’est l’urbex ?
C’est une activité qui consiste à visiter des bâtiments désaffectés. La plupart du temps en toute illégalité.
Il y a dans ces lieux toutes sortes de personnes. Des simples curieux, des squatteurs, des voleurs, peut être des violeurs, des trafiquants, et que sais-je encore…
Alors quand il (vous m’accorderez le droit de taire son identité), quand Il sortit par la porte de ce vieux sanatorium abandonné il se trouva encerclé par 8 individus. Certains avaient des outils dans les mains, d’autres des bâtons.
Mais, dès qu’Il est sortit du bâtiment, Il les a regardés dans les yeux. Chacun leur tour. Sans insistance ni provocation. Et la pression est retombée. La discussion a pu commencer. »
Sans ce regard de « connexion », personne ne saura jamais ce qui se serait passé. Toujours est il que l’être humain à une fonction de « reconnaissance visuel ». Le simple contact du regard donne beaucoup d’informations. La plupart sont captée et analysée par notre subconscient. Et l’évaluation « ami ou ennemi », « digne de confiance ou pas », « intéressant ou ennuyeux », y est décrypté très rapidement.
Ce décryptage active les neurones miroirs et font partager notre état émotionnel. La peur fait naître la peur, la sérénité fait naître la sérénité, l’amour fait naître l’amour. Alors regardez votre public avec amitié, et il vous regardera avec amitié. Considérez-le avec respect et vous ferez naître chez lui du respect envers vous.
C’est pourquoi le regard est le deuxième élément pour capter l’attention du public. (Le premier, je vous en parle ici).
Concrètement
Concrètement, regardez votre public dans les yeux. De manière aléatoire, et lorsque le besoin s’en fait sentir regardez plus spécialement les personnes qui vous sourient.
Il se trouve toujours dans l’assistance des personnes qui vous sourient plus que les autres. Qui manifestent plus que les autres l’attention qu’elles vous portent. Ces gens là sont précieux, ils veulent votre réussite. Ils veulent vous accompagner et vous assurer de leurs bons sentiments. Alors, en plus de « recharger vos batteries » et de vous « permettre de souffler », ils apprécieront cette attention que vous leurs portez.
Pensez aussi à assortir votre regard d’un joli sourire. Un sourire sincère qui montre à votre public que vous l’aimez, ou au moins que vous l’appréciez. Ils vous font l’honneur de leur présence et de leur attention alors un regard bienveillant est plus qu’une juste rétribution. C’est aussi « le pont » qui permettra de relier « leur bien le plus précieux » au vôtre…
Mettre son Ego à la poubelle
Allez ! Je vous le refais : « Lorsque vous regardez la photo d’un groupe dans lequel vous paraissez, … », non je plaisante.
Puisque ce que nous apprécions le plus au monde c’est nous, ce qui intéressent le plus notre public c’est lui-même. C’est pourquoi ce qui l’intéresse ce n’est pas nous, mais ce que nous avons à lui dire. Alors faisons-lui don de notre parole et nous saurons capter l’attention du public.
En accordant ses « At » à l’orateur le public fait don de sa personne. Rendons-lui ce don en ne flattant pas notre Ego mais le sien. Ou au moins lui offrant de la valeur ajoutée.
Nous ne pourrons pas capter l’attention du public si l’attention qu’il nous accorde vaut plus que ce que nous avons à lui offrir.
Anecdote
« Jean-Michel est un formateur poids lourds. Il passe ses journées avec ses élèves. Ils ont des valeurs différentes, accordent de l’importance à des sujets très divers et n’apprécient pas forcément le même humour.
Jean-Michel critique souvent. Il a un humour caustique, décapant diront certain, et fait parfois rire jaune.
Et pourtant, il ne blesse jamais. Son secret ?
La victime de ses méchants propos, c’est toujours lui. Et il n’en prend pas ombrage. Si c’est drôle sur un autre, c’est que ça peut être drôle sur lui. Il le sait, en use et en abuse, fait rire souvent et ne provoque pas de malaise.
Mieux ! Si vous faites comme lui il vous dira « Pourquoi te dévalorises tu ? » »
Voila un homme qui a su mettre son Ego à la poubelle ! De cette manière il se rend agréable et attentionné. Empathique et chaleureux. Enseignant sans condescendance. Bravo à toi Jean-Michel !
L’humour ne fait jamais de mal, MAIS …
Et en plus, Jean-Michel capte l’attention du public avec son humour !
L’humour est une arme à double tranchant. Bien manié il fait des miracles. Mal utilisé il peut faire un bide ou vous faire « (re)jeter ».
Pour comprendre comment l’humour « ouvre les portes de notre cerveau » c’est par ici.
L’humour ne fait jamais de mal car il instaure une connivence avec le public. Il permet de capter l’attention du public en lui montrant que l’on est « dans le même bateau », que l’on se comprend et s’apprécie. Le rire a cette fonction de rapprochement entre l’autre et soi-même.
Mais… un humour déplacé, lourd ou insultant apportera circonspection, méfiance ou critique, voir : animosité et répulsion.
Alors, être drôle, oui ! Un grand OUI ! Mais toujours avec des plaisanteries en lien avec notre sujet. Et toujours avec de l’authenticité. Comme Chris Anderson dans son livre « Parler en public, le guide officiel TED », que je vous recommande et dont cet article s’inspire, « Il vaut mieux (…) être totalement dépourvu [d’humour], que d’en avoir un mauvais ».
N’oubliez pas les histoires pour capter l’attention du public
Les histoires génèrent de l’intérêt, de l’empathie et de l’émotion. Les contes, légendes, les fables, les récits épiques et bien d’autres constituent un outil efficace pour capter l’attention du public.
Nous sommes friands depuis notre plus tendre enfance des histoires qui nous font vivre des émotions. Peur, joie, plaisir, surprise etc etc. Les histoires nous permettent de tirer des morales, de spéculer sur l’avenir ou de tirer des leçons du passé.
Elles ont cette fonction d’éveiller notre curiosité et de vouloir en savoir davantage. C’est pour cela que l’orateur qui sait les raconter, prend un net avantage.
L’histoire qui donne « un plus » à votre propos doit avoir le goût de l’authenticité. Autant que possible si elle a touché un de vos proches, ou vous-même (à condition qu’elle ne serve pas à flatter votre Ego). Si en plus vous y mettez une intrigue ce sera très bien. L’intérêt de l’intrigue, c’est d’impliquer votre public. De cette manière vous lui ferez vivre des émotions. Et les émotions c’est ce qui mènent le monde (pour en savoir plus cliquez ici).
Le secret de la bonne histoire, c’est de donner suffisamment de détails pour que l’auditoire situe clairement votre message. Sans en donner trop pour ne pas l’assommer. C’est également de lui faire ressentir que quelque chose peu (va) clocher. Et que le protagoniste principal va (risque ?) de s’en prendre « plein la gueule ». Et ensuite d’en tirer une morale.
(Ce « secret » est bien sur un résumé, n’hésitez pas à le compléter dans les commentaires avec votre méthode ou à vous rendre sur cet article).
Sympa ton article sur « Comment capter l’attention du public », mais en résumé ça dit quoi ?
Ça dit que si vous voulez capter l’attention du public il est utile de :
Avoir une réelle considération pour votre public, de manière à ce que votre regard témoigne de vos sentiments positifs envers lui.
Laissez le soin à votre public de découvrir tout seul que vous seriez légitime à manifester un peu d’Ego.
Avoir de l’esprit pour divertir, tout en apportant de la valeur pour signer votre talent.
Et s’entrainer à raconter des histoires pour « être celui que l’on écoute ».
Et vous, quelle est votre méthode pour capter l’attention du public ?
Pierre-Favre Bocquet
Très bon article Pierre-Favre. Riche d’informations (je ne savais qu’il existait une unité de mesure “pour la quantité d’attention”… C’est dingue ! En même temps c’est aussi tellement précieux. Par contre clairement on ne naît pas tous égaux… Certains ont un charisme naturel, et d’autres savent peut-être aussi le travailler puisque c’est “presque une science” 😉. Merci pour ce très bon article en tous cas !!
L’humour et les histoires : carrément 🙂
Capter également les baisses d’attention et surprendre à ce moment-là.
Varier le rythme est aussi utile.
Merci Valentine pour ce rajout 🙂
Merci pour cet article essentiel !
J’aime surtout le point où tu expliques l’importance de mettre son ego de côté. Cela s’applique aussi bien pour les personnes qui aiment être au centre de l’attention, que pour les personnes qui ont peur du regard des autres et d’être jugé, car là aussi c’est bien souvent un problème relatif à l’ego.
Merci Jung, tu attire mon attention sur un point très interessant, et que je n’avais jamais envisagé…
Je ne préfère pas trop utiliser l’humour car les gens qui le comprenne sont assez rare (ou mon humour mauvais …) ! Par contre, je dis un grand oui aux histoires ! Je donne des cours à des groupes d’adolescentes et c’est génial de les voir captivées dès que je raconte une histoire. Et ça les touche encore plus lorsque je leur parle d’une anecdote qui m’est arrivé personnellement.