Ces erreurs quand on parle en public (Les faites-vous ?)

Qui parle en public ?

Tout le monde (et personne). Mais surtout les cadres, les chefs de projet, les investisseurs, les chercheurs. Mais aussi les avocats, les commerciaux, et d’une manière générale « ceux qui croient en une cause ». Bref nous faisons tous des erreurs quand on parle en public. Et nous perdons en efficacité. Vous voulez gagner en efficacité ? Lisez l’article !

Les erreurs quand on parle en public, viennent d’une regrettable confusion : celle de s’accorder la priorité.

L’avocat qui ne s’intéresse pas au dossier.

Le chercheur qui se langui de son labo.

L’investisseur qui ne pense qu’à sa (futur) thune.

Le commercial qui ne veut que sa com’ (et s’en fout du reste).

Le militant qui veut « casser » (du gaucho, du spéciste, du facho, de l’homo, du bobo, de l’écolo, le patronat, les pollueurs, et tout ça tout ça).

Le chef de projet qui « s’en fout de l’humain » (parce qu’il sait qu’il a raison).

Le cadre qui a d’autres priorités.

Le point commun à tous ces gens-là ? Ne pas faire des autres leur priorité.

Que ce soit par un sentiment d’obligation (comme le chercheur qui se sent obligé de présenter ses travaux), ou par la satisfaction « de ne penser qu’a sa G…… (comme le militant qui ne veut que « casser » ses opposants), le risque de tomber dans ces erreurs quand on parle en public est présent.

Pire encore ! La plupart du temps, nous ne nous rendons pas compte que nous tombons dans ces pièges. Et nous sommes trop satisfaits de nous-même pour nous en rendre compte.

Tous ! Ces erreurs nous guettent. Vous voulez continuer à les faire ? Alors vous pouvez quitter l’article.

Deux raisons de parler en public

Je vois que vous avez bon goût puisque vous êtes restés 😉 ! Les erreurs quand on parle en public s’invitent dans deux types de propos. Ceux pour informer et ceux pour convaincre.

Informer

Les propos que l’on tient pour informer. Typiquement ce sont ceux du responsable de chantier, du manager ou du chercheur.

Le but est de transférer une connaissance de notre esprit, à celui de ceux qui nous écoutent. Et lorsqu’on maîtrise bien un sujet, on ne mesure plus très bien le fossé qui nous sépare de fait de ceux qui le méconnaissent.

Du coup, nous considérons que les mots techniques sont simples, les acronymes sont limpides et que « tout le monde sait ça ».

STOOOOP ! Combien de temps avons-nous mis pour assimiler tous ces concepts ? Nous rendons-nous compte de l’énergie qu’il nous a fallu pour assimiler notre expérience ?

Quand on explique quelque chose à quelqu’un il est important de prendre conscience de « là où il en est ». Le premier travail est de se remémorer à quel moment de notre vie nous en savions autant que notre interlocuteur. Ensuite de nous représenter ce que nous sommes en mesure de comprendre maintenant. Une fois que nous avons constaté la taille du fossé, nous allons regarder combien de cailloux (et de quelle taille) nous allons avoir besoin pour le combler.

Or au lieu de ça, combien d’entre nous aimons « nous balader », « en mettre plein la vue » ou « se faire mousser » ?

Je crois qu’on peut l’avouer. On aime tous ça. Mais ça ne marche pas pour obtenir un résultat. Celui de transférer de la connaissance en l’occurrence.

Convaincre

Les propos que l’on tient pour convaincre. Typiquement ce sont ceux du commercial, de l’investisseur, de l’avocat ou du militant.

Le but de ce type de propos est d’obtenir de l’autre un accord, une adhésion ou une croyance. Et lorsque nous sommes persuadés de nos certitudes, nous finissons par ne plus voire pourquoi les autres ne partagent pas nos convictions.

Pire encore. Nous finissons par leur attribuer des raisons que l’on trouve stupides, grotesques ou caricaturales.

Nous sommes tellement persuadés du bien fondé de nos certitudes que l’autre finit par nous apparaitre comme bête/mauvais/prisonnier d’un système de pensée. Et parfois les trois en même temps.

Mais STOOOOP ! Où cela nous mène ? Cela nous mène à ne plus savoir pourquoi l’autre pense ce qu’il pense. Cela nous mène à ignorer les bonnes raisons qui font « qu’il pense ce qu’il pense ».

Oui, chacun à (au moins) une bonne raison de penser ce qu’il pense. « Bonne » est relative. Une conviction est « bonne » dans notre système de pensée. Mais, à trop rejeter le système de pensée de l’autre, nous ne pouvons plus percevoir cette « bonne raison ». Nous nous complaisons simplement à en voire la caricature.

Donc, celui qui cherche à convaincre commet l’erreur fatale de croire en sa supériorité. De croire en sa plus haute valeur. Et ça, c’est l’autoroute vers un « vautrage » violent (vautrage du verbe vautrer ;-D).

Le point commun des erreurs quand on parle en public ?

C’est de ne pas savoir se mettre à la place de l’autre. En fait ces erreurs viennent de ce que l’on veut obtenir du public alors que c’est ce que l’on devrait lui donner.

Enthousiasme, passion, admiration, reconnaissance, adulation, importance, amour, sympathie, valeur…

Si c’est ce que vous attendez du public, vous allez commettre ces erreurs.

Si c’est ce que vous voulez donner au public, vous allez les récolter. Mais seulement après les avoir semés (généreusement).

Exemple :

« On donne ce que l’on voudrait recevoir », c’est ce qu’un jour mon beau-frère m’a fait remarquer après lui avoir donné une bouteille de vin. Sa phrase est tellement juste qu’elle est restée gravée dans ma mémoire.

Et vous, êtes-vous d’accord : Donne-t-on ce que l’on aime recevoir ?

Alors, si l’on voit la parole en public (en public, en réunion, en formation, appelez là comme vous voulez) comme un don, il y a fort à parier que l’on va faire des cadeaux. Ces cadeaux sont : attention, écoute, respect, amour, volonté de plaire, de donner le meilleur, de donner de la valeur. Ce sera aussi (et surtout) écoute, volonté de comprendre et plus encore : préparation.

Cette préparation découle des autres cadeaux, mais parfois nous sommes tellement préoccupés par les cadeaux que l’on veut recevoir du public, que l’on oublie que c’est lui qui nous fait le premier cadeau. Celui de sa présence, celui de son écoute, celui de son attention. Et à l’heure où l’attention et une denrée de plus en plus rare, une denrée que s’arrache les publicitaires, les créateurs de contenu et l’égo de nos amis, il est urgent de l’estimer à sa juste valeur.

Le public : vos collègues, votre audience (et aussi le juge, les investisseurs, votre équipe ou vos prospects), ont un temps limité, et celui qu’ils vous donnent est irrécupérable. Ils ne vous suivront que si vous ne commettez pas ces quatre erreurs quand on parle en public.

Quatre erreurs communes quand on parle en public

Les propos creux

« Ils me font penser au propos que les étudiants qui n’ont pas révisé, tiennent à leur professeur. (Votre serviteur en tête) »

On aligne des mots en guettant les réactions. On fait semblant de chercher dans sa mémoire. Et on ne dit rien d’intéressant.

Le public le sent. Et ne va pas vous suivre longtemps. Ce qu’il y a de bien à l’heure des smartphones et des réseaux sociaux, c’est que le public ne va pas faire semblant.

Alors au lieu de regretter « le temps béni des publics sans iPhone et compagnie », il faut rendre sa parole captivante (et ça tombe bien, c’est le sujet de ce blog).

Votre public ne vous en voudra pas de faire court et dense. Il veut des solutions concrètes, « clés en main ». Il veut de la qualité. Le mieux c’est que chacun comprenne ce que vous dites et qu’il soit possible de l’appliquer dès maintenant.

Noyer ceux qui vous écoutent sous des flots de paroles n’a jamais amélioré la qualité d’une allocution. Par contre ça a souvent donné le sentiment d’un contenu creux et sans intérêt.

PS : Nous sommes au XXI éme siècle, désormais peu importe à votre public votre parcours. Que vous soyez formé aux grandes écoles ou un autodidacte, les jeunes s’en fichent. Tant que vous leur donnez de la valeur.

Ce qui m’amène à l’erreur suivante.

Se mettre en avant

Je vous en parlais dans un article précédent, nous sommes avant tout intéressé par nous-mêmes. Cette règle s’applique aussi bien à vous qu’à votre public.

Et du coup lorsque l’on doit parler de soi, de son entreprise ou de son projet nous avons tendance à nous mettre au centre du discours et à parler de ce qui NOUS intéresse. Mais ce qui NOUS intéresse n’est pas ce qui intéresse les autres.

La notion est subtile, je vous l’accorde. Cependant même si nous sommes là pour parler de nous, il faut le dire de manière à ce que l’autre y voit SON bénéfice. Un peu comme en entretien d’embauche : vous êtes là pour parler de VOUS mais POUR l’autre. Autrement dit, VOUS êtes le sujet mais L’AUTRE est au cœur du sujet. Dans l’entretien d’embauche, vous devez mettre en valeur ce qui chez vous est intéressant pour l’entreprise chez qui vous postulez.

Donc, si vous êtes par exemple à la recherche d’investisseur pour créer votre entreprise, il faut parler de vous mais pour l’intérêt de l’autre. L’intérêt de l’autre c’est son bénéfice (qui n’est pas forcement que financier d’ailleurs).

Exemple :

Si votre projet est « d’investir dans des bureaux récents, pour apporter une bonne qualité de travail à vos collaborateurs et réduire vos factures d’énergie ». Il sera sans doute plus judicieux de dire que « vous avez trouvé une solution pour augmenter la rentabilité de l’entreprise (tout en jouissant de bonne condition de travail), et qui réduit l’impact écologique de votre entreprise ».

Dans les deux cas, il s’agit d’obtenir de nouveau locaux. Mais dans le premier, c’est à votre bénéfice, dans le deuxième, c’est au bénéfice de vos interlocuteurs. Le premier cas parle de vous, le deuxième donne envie de connaitre votre solution. Donc le premier « n’emballe pas », le deuxième attire l’attention.

Et cette deuxième erreur où l’on se situe au premier plan me permet d’enchainer sur la troisième.

Raconter sa guerre

Le meilleur moyen pour que ceux qui vous écoutent se sentent nul, c’est de leur montrer à quel point vous êtes génial. A quel point vous savez réussir.

Est-ce que vous aimez vous sentir nul ? Non ? Votre public non plus.

Les anecdotes sont de bons outils pour expliquer et pour convaincre. Mais, si elles sont trop nombreuses et que systématiquement les « héros » de celles-ci se trouve être votre personne, vous allez créer du malaise.

A moins que vous soyez vraiment une exception génialissime, citez (aussi) d’autres personnes que vous qui on réussit. Parfois même racontez des anecdotes ou vous avez été le perdant, le dupe, l’idiot. Rien ne sert de se dévaloriser mais donner le sentiment à votre public que vous êtes un humain comme les autres, lui permet de s’identifier à vous. Cela lui permet de vous trouver sympathique. Et ces deux ingrédients sont indispensable pour donner envie de vous écouter.

Si l’on se vante trop de deux choses l’une : ou l’on est un menteur, et personne ne veut avoir à faire avec un menteur. Ou l’on est un être absolument parfait, et constater la perfection des autres est frustrant.

Déblatérer

Cette quatrième erreur quand on parle en public est un peu différente. Elle ne place pas notre interlocuteur au cœur de nos préoccupations, sans pour autant que l’on s’accorde LA priorité.

Cette erreur c’est de ne pas avoir préparé son sujet.

La préparation d’une allocution prend du temps. Il est nécessaire de travailler le fond et la forme. De définir et d’atteindre un objectif. De visualiser des étapes intermédiaires et se donner les moyens d’y transporter le public. Savoir quelles sont ces étapes intermédiaires… Ça prend du temps et de l’énergie c’est sûr.

Alors, pour peu que l’on ne sache pas trop par où passer. Ni comment y passer. Nous pouvons y aller à l’instinct, mais généralement cela ne donne rien de bon. Notre pensée peu nous captiver mais elle ne captivera pas le public. Laisser son esprit voguer de ci de là en explorant le fond de sa pensée, c’est offrir un brouillon à nos interlocuteurs. Voulez-vous d’un brouillon ?

Si tel est le cas ceux qui vous écoutent auront sans doute l’impression de se faire mépriser, voire insulter. Alors, même si ce brouillon est important, il ne doit pas être dévoilé au public.

Et si vous avez besoin d’aide pour savoir quoi dire dans vos prises de parole, dites-le-moi en commentaire.

A bientôt sur le blog

Pierre-Favre Bocquet

 

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6 commentaires pour “Ces erreurs quand on parle en public (Les faites-vous ?)

  1. Merci pour ce bel article ! Je suis assez d’accord avec ton analyse… Trop souvent la jeunesse (mais pas que) peut pousser à l’imprudence, sous couvert d’une trop grand confiance en soi, on ne se prépare pas et on croit que tout va venir naturellement… Grave erreur de débutant… qui mène finalement aux 4 erreurs que tu évoques 🙂.

    1. Il y a de ça, en fait je crois de plus en plus que pour convaincre, il faut ne pas s’être mis dans la situation où l’on a besoin de convaincre. Cette situation correspondrai à celle où l’on nous aide, nous donne et nous aime sans que l’on ai à quémander quoi que ce soit. Cette situation peut, en tout cas je le crois, arriver si l’on est soi même occupé à aider, donner et aimer. Il n’y aurai plus aucun calcul d’aucune sorte et l’autre nous viendrai en aide de son plein grès. Ou en tout cas quelque chose de cette nature…

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